Auguste Virebent (1792-1857), architecte briquetier, créateur d’une usine de céramique artistique au pied de la colline de Miremont, entreprend la reconstruction dès 1845 du Château de Launaguet sur les ruines d’un ancien manoir.
Il fit de cet édifice un véritable témoignage du travail de la terre cuite.

 

Auguste Virebent obtient le 18 juillet 1831 un brevet d’invention pour des procédés techniques tout à fait nouveaux. En effet, jusqu’au XIXe siècle (environ 1830), on façonna la brique selon les mêmes procédés que la brique romaine. tourelle du château de Launaguet

Après avoir été triées et sélectionnées, les terres étaient mouillées, battues puis séchées après avoir été déposées dans des cadres de bois.

Les presses mises au point par Auguste Virebent ont donc révolutionné l’artisanat de la brique en lui donnant une dimension industrielle.
Ces presses permettaient de donner aux briques encore fraîches la forme et la dimension voulue et surtout un format identique et une texture plus fine, plus facile à tailler.
Elles imprimaient également des dessins sur l’envers qui assuraient une meilleure prise du mortier.

Auguste Virebent ne se contente pas de poser les bases d’un travail plus rapide et plus précis. Il met aussi au point une invention dénommée « plinthotomie », sorte de machine agissant comme un emporte-pièce pour découper diverses formes sur la pâte encore fraîche (oves, rais de coeur, feuilles d’acanthe… ).
Désormais pour orner des corniches, faire des colonnes, des pilastres ou des chapiteaux d’ordre dorique, ionique ou corinthien, le tailleur de pierres ou le sculpteur est remplacé par un emporte-pièce.

Cette briqueterie peu ordinaire joignait à ces avantages industriels, le registre du décor moulé pour les objets qui ne pouvaient être réalisés au moyen de la plinthotomie.
Les cariatides, les thermes, sont donc réalisés traditionnellement au moyen de moules à pièces. Mais ce qui était habituellement production artisanale devient ici production industrielle. Les nombreux ouvriers de la fabrique n’ont aucun mal à manipuler les grands moules et peuvent donc fournir de très nombreux exemplaires d’une même statue.

En 1845, cinquante-cinq ouvriers à la journée et deux ouvriers à l’année, dont un sculpteur, étaient employés à la Briqueterie et produisaient 100 000 pièces par an. Production importante qui permettait de livrer une façade entière dans le mois suivant la commande.
Sept attelages assuraient les livraisons à Toulouse. Les commandes étaient passées soit à Launaguet, soit aux bureaux toulousains de la rue du Fourbastard.
Dans les deux cas, les clients pouvaient examiner une multitude de modèles. Des gravures, des catalogues et des recueils réunissaient photos et projets, aidant ainsi au choix du client sur les nombreuses possibilités.

Les sculpteurs de Miremont avaient deux fonctions : les uns se contentaient de supprimer les bavures, de rectifier un détail à la sortie du moule  ; les autres créaient des modèles d’ornements, de statues, modèles uniques ou destinés à l’industrialisation, selon le prix payé par le client.

La fabrique était une entreprise familiale. Prosper et Sylvain, deux frères d’Auguste Virebent s’occupaient de la gestion financière et matérielle ; Victor, avocat, gérait les contentieux.
Seul l’aîné François, semble avoir été à l’écart de cette entreprise.

À la mort d’Auguste Virebent, ses frères continuèrent de faire fonctionner la manufacture jusqu’au retour de son fils Gaston, parti étudier le dessin et l’émail à Paris. Ce dernier travailla à Miremont jusqu’à son décès en 1925.
Puis ce fut l’aîné des deux fils de Gaston, Raymond, qui poursuivit de façon tout à fait artisanale le travail de l’émail jusqu’à sa mort en 1965.

La fabrique de Miremont, après avoir suivi diverses phases d’extension suivant les orientations données à la fabrication, a aujourd’hui disparu et les bâtiments sont presque totalement écroulés.

Auguste Virebent a mis au point une nouvelle façon de travailler les terres. Pour obtenir une pâte fine, compacte et résistante à la fois, il décide de juxtaposer deux types de pâtes :
– une pâte argileuse blanche ou rouge, fine et solide, constituant l’écorce visible des objets réalisés dont l’épaisseur variait de un à deux centimètres.
– la masse étant constituée d’un argile rougeâtre plus grossier et de moindre coût.

La juxtaposition s’effectuait alors que les pâtes étaient encore molles. Opération délicate puisque toutes les deux devaient avoir le même retrait au séchage et à la cuisson. Enfin, ni le gel, ni le soleil, ni les chocs ne devaient pouvoir séparer ces dernières.

Ces inventions sont à l’origine de l’industrialisation du travail de la terre cuite et de la briqueterie. Les machines utilisées de nos jours sont très proches de celles mises au point par Auguste Virebent. Les briques sont désormais réalisées par des filières plus rapides.
Quant aux presses, elles sont toujours utilisées, mais la recherche de qualité de la terre est négligée. En effet, la brique actuelle n’a pas la finesse du produit bon marché qui constituait la masse invisible de la brique Virebent.
L’accent semble désormais se porter sur les caractéristiques mécaniques au détriment de la finesse du produit.

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